
L’isolgate, scandale sur l’isolation en référence au « dieselgate » sur les voitures diesel, a été présenté fin 2019 comme le scandale du bâtiment de ces 30 dernières années ! … Et au bout de 10 jours plus personnes n’en parlait. … L’omerta a repris.
Janick Chevrier (AZANéO) souhaitait que nous menions une réflexion sur le sujet. Ce travail sera finalisé courant 2020. En préambule nous vous laissons une première réflexion autour de la qualité de pose des isolants.
Si nous ne savons pas encore où notre étude nous mènera, une chose est certaine : ce n’est pas parce que l’arroseur est arrosé, que le second personnage est blanchi !
Pour accompagner ce premier constat vous pouvez lire ce petit article écrit en 2015 sur les produits minces réfléchissants (cliquez sur l’image)
Alors un isolant, ça isole ?
Telle qu’elle est mise en œuvre en France, l’isolation thermique ne nous permet pas de profiter réellement de son potentiel. Malgré l’énormité de la situation, résumée en images ci-dessous, la situation passe plutôt inaperçue, pourquoi ?
Nous disions donc que malgré l’énormité de la situation la situation passait plutôt inaperçue.
En hiver cela s’explique par 3 raisons principales :
- L’isolation a un potentiel de réduction du flux calorique très important, dont une partie non négligeable arrive très vite. Même peu épaisse ou mal posée, la différence entre « avant » et « après » la mise en œuvre d’un isolant est réelle.
- Comme toute approche calculatoire, les études thermiques partent de conventions et hypothèses définies en amont. Et certaines ne facilitent pas le repérage de la non performance des isolants posés, entre autres en ne comptabilisant pas le rayonnement solaire qui irradie nos bâtiments.
- Excepté en construction passive où l’on cherche à être très ajusté, la détermination des installations de chauffage tend à surestimer leur puissance. De fait, on ne réalise pas que le bâtiment est moins performant que promis car, excepté lors des très grands froids, on arrive à chauffer l’hiver.
En revanche en été, on réalise cette piètre performance de l’isolation en œuvre. Principalement là où une isolation réelle est absolument nécessaire pour limiter les surchauffes, c’est à dire dans les bâtiments ou parties de bâtiments peu inertiels. Alors on incrimine le manque d’inertie ou le faible déphasage des isolants conventionnels pour cacher le fait que, si l’on meurt de chaud sous des combles aussitôt que le soleil donne, c’est d’abord et avant tout parce que la pose de l’isolant ne lui permet pas de nous faire profiter de la majeure partie de son potentiel.
Cette situation s’est tout de même améliorée en neuf et sur certains projets de rénovation (BBC, effinergie), grâce principalement aux tests d’étanchéité à l’air. Car si leur procédure est améliorable, ils permettent néanmoins de repérer la majorité des poses réalisées sans soin.
Encore plus qu’avec le dieselgate tout le monde est au courant. Entre autres les services du Ministère et le CSTB, leur bras armé. Mais il est complexe de dénoncer une situation dont nous sommes tous plus ou moins responsables, et qui s’est imposée dans le temps à partir d’une époque où nous n’avions pas une réelle connaissance du sujet. (Ces matériaux étaient nouveaux, les démarches qualité n’existaient pas encore…)
Excepté si une décision politique est prise pour collectivement nous responsabiliser de la situation et professionnaliser réellement la mise en œuvre des isolants, la situation ne s’améliorera que très lentement, c’est à dire beaucoup trop lentement au regard des défis environnementaux actuels. … Surtout que les acteurs économiques les plus puissants sur le sujet, c’est à dire les industriels, ont tout à gagner de la situation. Pourquoi ? Actuellement c’est à grands renforts de subventions que nous posons, très généralement sans le soin nécessaire, des millions de m² d’isolants. Demain il en découlera 2 types de situations :
- Celle où les maitres d’ouvrage auront les moyens de reprendre les travaux. Cette réalité sera « tout bénéf » pour les entreprises du bâtiment et les industriels de l’isolation.
- Celle où les maitres d’ouvrage n’auront pas les moyens de reprendre les travaux. Cela ne les mettra pas pour autant en situation de précarité énergétique car, excepté s’il est peu dense et se tasse, l’isolant même mal posé fait une partie du travail. Non, simplement, on consommera 2 à 3 fois trop de chauffage l’hiver, et on posera une clim l’été. Qui s’en plaindra ? En tout cas pas EDF, état dans l’État.
Dans les 2 cas nous « tuons le gisement d’économie d’énergie ». Mais ceci ne semble pas être une préoccupation partagée !
Nous avons en projet de reprendre cette page, en l’articulant réellement autour de l’isolgate. Mais ce travail ne sera pas réalisé avant fin 2020. D’ici là nous sommes preneurs de vos réflexions sur le sujet. Pour ce faire utilisez l’espace « Votre commentaire » ci-dessous. Merci d’avance !
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