Samuel Courgey – Expériences

En quatre périodes, de l’actuelle à la plus ancienne

. Les projets du moment : formation, veille, relectures techniques…

Au sein de l’association « Arcanne, un lien entre bâtiment & environnement »

depuis 2012

Ma vie professionnelle suit son cours, mais sans Jean-Pierre Oliva, ami et complice de 25 ans, Président fondateur d’Arcanne, qu’un cancer a emporté début 2014.
Je poursuis au sein de l’association mon activité de formateur, en parallèle au travail de veille technique et méthodologiques sur divers sujets liés au double sujet Bâtiment / Environement, en particulier sur l’efficacité énergétique, la réhab, les biosourcés et le bâti ancien, qui sont autant de sujets dont la passion ne se tarie pas avec les années.

Je participe également, comme expert, à des études de type « État des lieux des connaissances », « Définition de programmes d’action bâtiment/environnement », à des groupes de discussions, colloques, tables rondes… certains parleraient de lobbying pro-environnemental.

J’interviens également de plus en plus comme contributeur ou relecteur, où, en tant que compétence indépendante, j’apporte un avis documenté sur tel projet de livre, fiche technique, livret pédagogique, document de référence (DTU) ou étude scientifique (OPéRA…).

Remontons le temps.

En 2016 un nouveau défi est arrivé avec la réalisation, comme responsable pédagogique, du « MOOC Rénovation Performante » (Massive Open On line Courses, pour : formation en ligne, gratuite et ouverte à tous). Expérience passionnante menée avec l’ASDER dans le cadre d’un appel à projets PACTE et d’une politique voulue par l’ADEME et le Plan Bâtiment Durable.

Mi 2020 nous avons terminé la 5^éme session, soit en cumulé plus de 23.000 inscrits, et 98% de personnes satisfaites ou très satisfaites… cela fait plaisir ! Et grâce à l’ADEME, et aux régions Bourgogne-Franche-Comté et Normandie nous allons pouvoir proposer une 6^éme session en octobre 2020, et une 7^éme début 2021.

Ce succès rencontré avec le MOOC « Rénovation performante » ne m’empêche néanmoins pas de relativiser la pertinence des formations à distance. Comme la lecture d’un bon livre, l’échange avec des pairs… cela permet de monter en compétences. Mais pour apprendre un métier, apprendre les gestes, rien ne remplace l’apprentissage, soit la confrontation au quotidien, accompagné de personnes connaissant le métier, et ce sur plusieurs années.

Mi 2020, outre les activités « classiques » (veille technique, engagements associatifs, formations en présentiel ou à distance, participation à des débats…) :

– je représente avec Luc Van Nieuwenhuyze l’association « Maisons Paysannes de France » à la commission de mise à jour du DTU 26.1 (enduits) ;

– je participe à la mise en place du label expérimental « Effinergie patrimoine« . C’est là une superbe opportunité pour faire réaliser qu’efficacité énergétique et respect du patrimoine peuvent faire bon ménage.

Parlant du collectif Effinergie, ce petit clin d’œil des 10 ans fêtés en septembre 2016.

Réflexion perso : je suis comme beaucoup, souvent déçu par nos hommes et femmes politiques. Après avoir eu à de nombreuses reprises à travailler avec nos représentant(e)s élu(e)s, je dois avouer que si certain(e)s me semblent effectivement peu digne d’intérêts, d’autres m’ont réellement impressionné(e)s. Tel(le)s Emmanuelle Cosse et Antoinette Gillet, déjà citées, mais également Dominique Voynet, Denis Baupin… et feu Adrien Zeller. Après 35 ans d’engagements associatifs et professionnels, j’avoue que si je désespère souvent des représentants que nous élisons (mais à qui la faute ?), je reste persuadé que l’engagement associatif et/ou politique, additionné à la création de références (montrer que ça marche…), et à l’exemplarité de nos comportements correspond aux actions à mener pour faire avancer les choses.

• 3^éme période. Référent – Auteur – Formateur, sur l’efficacité énergétique et environnementale

A Arcanne mais également au sein de l’association « AJENA, énergie et environnement en France-Comté »

de 2005 à 2012 (7 ans)

Parce que le développement des éco-matériaux semblait bien amorcé en ce début des années 2000, mais également et surtout parce que la dynamique qui l’accompagnait semblait faire oublier à certains que sous nos climats, pour être respectueux de l’environnement, un bâtiment se doit déjà être thermiquement performant, le sujet « éco-matériaux » a laissé pour moi sa primeure au sujet « performance thermique ».

Cet ajustement des priorités a entre autres généré :

– mon engagement dans la définition d’approches environnementales globales, particulièrement avec Laurent Boiteux et l’AJENA (HQE, QEB…) ;
– la co-écriture avec Jean-Pierre Oliva de «La conception bioclimatique», ouvrage actuellement vendu à plus de 65.000 exemplaires ;
– ma participation à la création du collectif Effinergie et l’écriture des labels BBC-Effinergie.

2008 : Jean-Pierre et moi avons un peu de temps et de liquidité (droits d’auteurs), et l’ouvrage « L’isolation écologique » nous semble devenu fortement améliorable (de nouveaux matériaux sont arrivés sur le marché et plusieurs des explications / informations qu’il comporte nous paraissent ouvertement perfectibles). … En fait, avec 8 ans d’expériences supplémentaires nous maitrisons beaucoup mieux le sujet, et, grâce à l’arrivée de Bruno Jarno à Arcanne, les ressources en anglais et allemand nous sont devenues très accessibles.
La Scop Terre vivante, notre éditeur, nous donne son accord. C’est ouvertement un acte militant de leur part et de la part de Jean-Pierre, car ils enterrent ainsi un ouvrage qui se vendait encore bien.

• 2^éme période. Référent technique & formateur sur les éco-matériaux

Au sein de l’association Arcanne

De 1997 à 2005 (8 ans)

Alors que les éco-matériaux sortaient de la confidentialité, nous déplorions toujours le manque d’infos exhaustives/objectives, d’ouvrages de référence : que faisaient donc les journalistes techniques ? Les pouvoirs publics ? Les labos de recherche ?…

En tout cas ils ne produisaient pas les documents dont nous, acteurs de terrain, avions besoin pour poursuivre sereinement la promotion des matériaux nous tenant à cœur. De plus, de nombreux producteurs de matériaux « bio » n’étaient pas dérangés à l’idée de voir les pros du bâtiment ne devenir que de simples « poseurs », alors nous désirions promouvoir les savoir-faire, et voir le travail manuel mieux reconnu.

Nous sommes plusieurs à avoir alors décidé de mettre au second plan notre activité professionnelle pour faire de la veille technique. C’était là un investissement pour s’approprier les connaissances ; une façon de savoir : comment ça marche ? Pourquoi ça marche ? A partir de quand ça ne marche plus ?… C’est dans cette dynamique que l’association Arcanne a été créé par Jean-Pierre Oliva, Jean-Marie Haquette et moi-même en juillet 97.

Pour valoriser ce temps de recherche et faire profiter des connaissances acquises, nous avons commencé à proposer des formations, écrire des articles techniques… C’est ainsi que, de fil en aiguille Jean-Pierre Oliva a écrit « L’isolation écologique », qui présentait ce que nous avions découvert en 10 ans. Avec le recul, je pense que ce livre, son succès, a fortement aidé à l’éclosion de l’éco-construction en France.

Sur ce premier ouvrage je n’ai assuré que la relecture technique, car, outre ma famille qui s’agrandissait, j’étais engagé dans un projet, passionnant mais lourd : l’accompagnement, pour le compte du Plan Urbanisme Construction Architecture de la première commande publique de bâtiments « bois-paille » et « bois-chanvre », dont Arcanne était initiatrice.

Le livret «  MAISONS BOIS CHANVRE PAILLE sur la commune de Montholier » que j’ai écrit pour le compte de la FFB résume ce projet (éditions SEBTP, avril 2010, 40 p.)

• 1^ére Période. Surtout du chantier, parce que j’y ai trouvé ma place et que c’est là que ça se passait !

Comme salarié (chantiers – BE) ou bénévole

de 1989 à 1997 (8 ans)

Après des études de génie civil et de socio-ethno, où je me suis intéressé à l’habitat traditionnel, à la transmission des savoir-faire, et à l’histoire des techniques constructives, j’ai choisi en 1989 de travailler sur chantier. En conventionnel parce que les pros qui pouvaient m’apprendre les gestes étaient là, et en éco-construction parce que mes centres d’intérêt m’y conduisaient.

Motivé par les fibres végétales j’ai alors participé à la mise en place des filières « chanvre » (« Construire en Chanvre »…), et « Bottes de paille » (« Association de Construction en Fibres Végétales », puis « Réseau Français de la Construction Paille »…).

Nous découvrions tout, entre autres que la prise du béton de chanvre n’a rien d’évident, surtout lorsque la chaux n’est pas adjuvantée… de colloïdes végétaux. Nous avons donc cherché ailleurs si d’autres végétaux relativement bruts n’étaient pas utilisables comme isolants, et nous avons découvert que certains, en France mais surtout outre-Atlantique utilisaient la botte de paille. … Pourquoi pas nous !  

Parallèlement aux chantiers, j’ai travaillé en bureaux d’études et dans le domaine associatif (Domus, Oïkos, le Réseau Ecobâtir… avec Jean-Pierre Oliva, Marie-Hélène Allemann…) avec en objectifs de promouvoir l’écoconstruction et faire (déjà) de la veille technique, car les infos étaient rares.

C’est dans cette décennie que j’ai tout appris, et que j’ai réalisé que le bâtiment pour moi n’était pas un accident de parcours mais un choix. Choix que je ne regrette pas, particulièrement du fait des rencontres que j’y fais, des relations qu’on y tisse.

Ci-dessous quelques-uns de mes premiers chantiers en éco-construction :

Avant l’ère d’Internet nous ne savions pas si les bâtiments en paille se comptaient par dizaines ou par milliers. Et, en 1991 nous ne connaissions que la technique « maçonnée », apportée du Québec par François Tangay, et initiée par Jean-Luc Thomas ou Pascal Thépault, et le Cun du Larzac. … Mais il ne nous aura fallu qu’un seul chantier pour définitivement laisser au passé la technique « Nebraska » (maçonnée) pour l’ossature bois. (Voir page ressources « Ballots de paille »)

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